Dans cette vidéo poignante, Marie-Ludivine raconte son parcours de reconstruction après avoir été victime d'une grave brûlure lors d'une soirée qui a mal tourné. Grande brûlée depuis 2021, elle partage avec émotion les différentes étapes de son rétablissement physique et psychologique, les nombreuses opérations qu'elle a subies, ainsi que son cheminement vers l'acceptation de son nouveau corps.
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AmusantTranscription
00:00Je me suis passée de l'eau, donc j'ai l'impression que j'ai tout éteint.
00:03Je me regarde dans la glace, mais je ne me vois pas.
00:05Je vois juste mes cheveux par terre.
00:07Je m'appelle Marie-Ludivine, j'ai 37 ans.
00:10Et moi, je suis grande brûlée depuis le 4 juillet 2021.
00:14Pendant le Festival d'Avignon, c'est très festif.
00:16J'ai croisé deux hommes que je connaissais déjà d'avant,
00:19mais que je ne connaissais pas forcément bien.
00:21Moi, je suis quelqu'un d'hyper sociable,
00:23donc je parle un peu à tout le monde.
00:25Voilà, même les gens que je ne connais pas spécialement,
00:27j'ai toujours un petit mot.
00:28Je leur propose de venir boire un verre à la maison.
00:30Donc au début, ça se passe bien, on discute, on échange.
00:33Il y a eu des approches un petit peu plus physiques,
00:36on va dire, entre guillemets,
00:37que moi, je n'ai pas forcément pris pour des appels,
00:40parce que comme je suis quelqu'un d'un peu tactile,
00:42pour moi, ce n'était pas forcément de la drague,
00:44mais pour eux, oui.
00:45Comme je n'ai pas du tout réagi à leurs avances,
00:47je pense que ça a dû les énerver,
00:49et c'est ce qui a fait déraper la soirée.
00:51Ils ne devaient pas être forcément dans leur état normal.
00:54Moi, j'avais la tête baissée.
00:56À l'époque, j'avais une frange un peu plus longue que celle-là.
00:58Ils ont allumé un briquet,
01:00et en fait, ça a fait un peu comme une boule de feu.
01:02Et comme maintenant, on n'a que des matières en plus en synthétique,
01:06j'avais les cheveux jusque-là,
01:07donc mon T-shirt a pris feu également.
01:08Pour eux, ça n'allait pas aller aussi loin,
01:11et ils ont dû prendre peur,
01:13parce que quand ils ont vu que je m'enflammais,
01:15ils sont partis en courant.
01:16Je suis allée tout de suite dans l'évier,
01:17j'ai tout de suite enlevé mon T-shirt,
01:19je me suis passée de l'eau,
01:21donc j'ai l'impression que j'ai tout éteint.
01:23Je me regarde dans la glace, mais je ne me vois pas.
01:25Je vois juste mes cheveux par terre.
01:27Dans ma tête, c'est juste,
01:28bon, ils m'ont brûlé une ou deux mèches de cheveux,
01:30ça va aller, on va passer à autre chose.
01:33Donc c'est pour ça que je suis allée me coucher.
01:34Je m'endors, mais pas d'un vrai sommeil,
01:36on va dire un demi-sommeil,
01:38et c'est justement la douleur qui me réveille plusieurs fois.
01:41Et là, je me dis que ça me brûle vraiment,
01:43donc j'avais toujours les yeux ouverts.
01:44La douleur était telle que je me suis dit,
01:46il faut que j'aille aux urgences,
01:48mais je ne peux pas y aller toute seule.
01:49Au final, j'ai appelé mon ex-compagnon
01:52pour qu'il m'emmène aux urgences.
01:53Juste, je passe le coup de téléphone,
01:55et dans les cinq minutes qui ont suivi,
01:58j'ai fermé les yeux et je n'ai plus pu les rouvrir
02:00pendant quatre jours,
02:02parce qu'en fait, j'ai les paupières qui se sont soudées.
02:04À la Conception à Marseille, il y a une infirmière,
02:06une nuit qui est venue avec un petit scalpel
02:09pour ouvrir et décoller les deux paupières.
02:11Et puis, c'est vrai que le fait de ne plus rien voir du tout,
02:14c'est très déstabilisant.
02:16Je me suis retrouvée dans des environnements
02:18que je ne connaissais pas.
02:19Je ne savais pas où j'allais,
02:21je ne savais pas où j'étais.
02:22Il y avait plein de gens qui parlaient autour de moi
02:24en même temps,
02:25qui avaient des fois des réactions un peu affolées,
02:28donc toi, ça ne te tranquillise pas forcément.
02:31J'avais l'impression d'être en décalage
02:32entre ce que je vivais
02:34et ce que je pensais dans ma tête.
02:36Parce que tout le monde n'arrêtait pas de me dire
02:38que c'était grave ce qui m'était arrivé,
02:40que c'était un gros choc.
02:42Et comme moi, j'étais longtemps dans le déni,
02:44pour moi, ce n'était pas grave,
02:46je n'avais rien en fait.
02:47Je me suis vue pour la première fois
02:49au bout de six jours.
02:51Mais en fait, je ne voyais rien
02:52puisque comme j'étais beaucoup bandée,
02:54je n'ai rien vu du tout.
02:56Et je ne me suis vue entièrement
02:58que très tardivement
03:00parce que c'était un souhait de ma part.
03:03Je ne voulais pas me voir dans l'intégralité
03:06parce qu'il faut savoir que je suis brûlée
03:09sur toute cette partie-là du corps.
03:10J'étais brûlée tout là
03:12et j'étais brûlée sur toute la nuque.
03:14J'ai des trous sans cheveux,
03:16je n'ai plus aucun cartilage au niveau des oreilles,
03:18donc ça me fait une tête qui est toute plate.
03:20C'est vrai que j'ai été boursouflée de partout
03:22parce que même si je n'ai pas été greffée
03:24sur l'intégralité du visage,
03:26j'avais tout le visage de brûlée.
03:27J'ai eu une première greffe
03:29au niveau des épaules, de la nuque et du dos.
03:31Et après, j'ai eu deux greffes
03:33au niveau du visage et du cuir chevelu.
03:35En un mois et demi, j'ai été opérée trois fois.
03:38J'avais tellement de bandages
03:39que j'étais le bonhomme, c'était l'aime.
03:41J'avais juste deux petits trous pour les yeux
03:43et un petit trou pour la bouche.
03:44Je savais que si je me voyais dans cet état-là,
03:46je n'allais pas avoir la force de continuer
03:48et de vouloir avancer.
03:50Donc, je préférais ne pas me voir
03:52tant que je ne me sentais pas vraiment prête.
03:54Après, on n'est jamais prête.
03:55La première fois qu'on se voit
03:57ou la première fois qu'on voit des photos,
03:58pour voir vraiment l'état dans lequel on a terminé,
04:01c'est vraiment un choc qui est violent quand même.
04:03Puis bon, après, il y a l'étape des greffes aussi
04:05qui n'est pas forcément évidente
04:07parce que se voir avec de la peau
04:09qui est sa peau sans être vraiment sa peau,
04:12c'est très compliqué parce qu'au début, c'est très marqué.
04:14Et puis, comme moi, on m'a greffé de la peau du crâne
04:18au niveau du visage.
04:19En fait, il y avait des petits cheveux
04:21qui étaient restés coincés.
04:22Et malheureusement, quand j'ai posé la question,
04:25on m'a dit que c'était des cheveux qui poussaient.
04:27Donc, j'ai beaucoup pleuré parce que j'ai eu l'impression
04:29qu'en fait, j'avais des cheveux qui allaient me pousser partout
04:31sur le visage.
04:32Et comme j'ai les cheveux qui poussent très vite,
04:33j'ai quand même eu pas mal de problèmes par rapport à ça,
04:36à l'acceptation de son reflet en fait,
04:39cette nouvelle image avec laquelle on doit vivre avec
04:41et qu'on doit accepter.
04:42Ça prend un petit peu de temps.
04:44Le toucher, au départ, n'est pas du tout le même.
04:46On sent vraiment la différence entre la vraie peau
04:48et la fausse peau, même si ce n'est pas de la fausse peau.
04:50Ça a été très, très dur pour moi.
04:51J'ai énormément pleuré.
04:52Après, c'était par phase.
04:54Il y a des moments où je pleurais beaucoup,
04:55d'autres où je pleurais moins.
04:56Le plus dur, ça a été à l'hôpital à Marseille
04:58parce qu'à Marseille, t'es un peu seule.
05:00On se sent un peu démunie
05:03et on a l'impression de ne pas avancer.
05:04Moi, la libération, ça a vraiment été quand on m'a annoncé
05:07que je pouvais partir au centre de rééducation
05:09parce que pour moi, c'était déjà une nouvelle étape,
05:12même si je savais que j'avais une autre intervention à venir.
05:14Mais au moins, j'allais pouvoir commencer ma rééducation
05:17et commencer aussi à me réapproprier un petit peu mon image.
05:20C'est important quand on traverse une épreuve comme ça
05:23de ne pas se renfermer sur soi-même
05:25et surtout de s'apesantir sur sa douleur
05:28parce que sinon, on va être dans un processus de blocage.
05:31Et il faut savoir que la guérison passe beaucoup par le mental aussi.
05:35Si on ne voit que le négatif dans la situation,
05:37ça ne nous permettra pas d'avancer.
05:39Il faut l'accepter, voir ce qu'on peut retirer de bénéfique aussi
05:42parce qu'il n'y a pas que du négatif non plus.
05:44Dans cette douleur, on va rencontrer d'autres gens
05:47qui traversent les mêmes épreuves que nous,
05:49avec qui on va pouvoir échanger, des amitiés vont se créer.
05:52Je sais que par rapport au centre de rééducation,
05:55je me suis découverte des amis avec qui je suis toujours en contact,
05:58même si on est toutes sorties,
06:00de faire des nouvelles rencontres,
06:02de se découvrir aussi soi-même
06:04parce qu'on a beaucoup de temps d'introspection
06:06sans forcément revenir sur ce qui s'est passé
06:08parce que ça s'est passé et qu'il ne faut pas se sentir coupable
06:11parce que ce n'est pas de notre faute,
06:12même s'il y aura toujours une part de culpabilité, ça c'est sûr.
06:15Quand je suis sortie du centre de rééducation,
06:18au bout de six mois, l'avantage c'est que j'avais déménagé.
06:21J'étais dans un nouvel environnement
06:22et du coup j'ai pu tout reprendre à zéro, repartir sur du neuf.
06:26Je n'ai pas repris ma vie telle qu'elle était,
06:28j'ai amélioré ma vie.
06:31Par exemple, j'étais trop contente de pouvoir avoir une perruque
06:34parce que j'ai toujours rêvé d'être rousse
06:36et donc là je me suis dit que c'était parfaitement l'occasion
06:38de totalement changer de look, changer de tête.
06:41J'ai appris à me maquiller alors qu'avant je ne me maquillais pas du tout.
06:44Déjà ma volonté première c'était d'avoir des sourcils
06:47puisqu'un visage sans sourcils c'est un visage où il n'y a pas de démarcation.
06:50Et comme au centre de rééducation je m'ennuyais fermement,
06:52j'ai fait des tutos sur Internet.
06:54J'invitais les copines à la chambre à côté à faire avec moi,
06:58commander du maquillage.
06:59On faisait ça avec les ASH, les infirmières.
07:02Elles venaient voir, elles me donnaient mon avis.
07:04Tous les deux jours j'essayais un nouveau tuto.
07:06Alors il y a des jours ça ne ressemblait à rien, c'était très moche.
07:09Et puis il y a d'autres jours où c'était un peu mieux.
07:10Et puis au fur et à mesure j'ai pris le coup de main.
07:12Et puis j'ai découvert aussi que c'était bien de s'accorder du temps pour soi
07:17et de prendre soin de soi aussi.
07:20Et de pouvoir se regarder dans la glace et de se dire
07:22« Ah bah voilà, là je me plais. »
07:24J'ose plus aussi porter des vêtements moulants,
07:26porter des choses plus courtes, mettre des talons.
07:29Redécouvrir ma féminité, me mettre en avant.
07:32Je voulais me faire greffer des poils.
07:34Je dois être l'une des seules femmes en France à vouloir se faire greffer des poils.
07:37Parce qu'en général on est plutôt à se les enlever.
07:39Ça a été comme un déclic en moi de se dire qu'il faut s'assumer telle qu'on est en fait.
07:43Quelles que soient ses cicatrices, son physique.
07:46Et surtout il faut se plaire telle qu'on est.
07:48Je vous cache pas qu'au niveau intimité là, je suis pas encore au top.
07:52Je suis pas prête à montrer mes cicatrices à quelqu'un.
07:55Bon celle des épaules ça va.
07:57Après le visage, maintenant que j'ai les sourcils qui sont faits ça me dérange pas.
08:00Mais par contre c'est vrai qu'au niveau des oreilles, des cheveux,
08:03là c'est encore pour moi un complexe.
08:05Y'a que peu de monde qui m'ont vue sans perruque du tout.
08:08Certains m'ont dit que j'avais une nouvelle assurance
08:10que j'avais déjà un peu au départ mais pas autant.
08:12Que je m'assumais quand même beaucoup plus.
08:15Je suis toujours aussi sociable.
08:17Alors après je fais un peu plus attention.
08:20Si c'est des gens que je connais pas, je reste dans des endroits publics.
08:23De toute façon moi je suis toujours entourée de mes amis.
08:26Donc là dessus y'a pas de problème.
08:27Et j'ai décidé qu'il fallait pas que je vive dans la peur.
08:30Parce que ces deux hommes là n'ont pas été traduits en justice
08:32puisqu'ils ont pas été retrouvés par la police.
08:34Si on les attrape, bah c'est bien
08:36parce que ça peut éviter à quelqu'un de subir ce que j'ai subi.
08:40Si on les attrape pas, je serai quand même très déçue
08:43parce que j'estime qu'ils méritent d'être punis entre guillemets.
08:47Je voulais pas que ça, ça mette un stop à toute ma vie
08:50et toute ma progression future.
08:51Sinon je ferai plus rien de ma vie.
08:53Et notamment par rapport à mon travail,
08:55je ne peux pas me permettre d'avoir peur des gens.
08:58C'est vrai que t'as envie de clôturer un peu ce passage là
09:01pour te dire bon bah voilà, ça c'est fait.
09:04J'en finirai jamais avec la brûlure parce qu'on est brûlés à vie.
09:07À terme je voudrais pas mettre tout ça de côté
09:10parce que ça fera toujours partie intégrante de moi
09:12et c'est ce qui m'a construit aussi en partie.
09:14Mais je voudrais ne plus avoir d'opérations, ne plus avoir de soins.
09:18Ce que j'ai envie de dire aux autres c'est
09:21qu'il faut déjà se laisser du temps.
09:23Il faut prendre le temps dont on a besoin.
09:25C'est-à-dire que tout le monde ne va pas forcément au même rythme.
09:28Donc si le temps de l'acceptation est long,
09:31il faut prendre ce temps-là qui est nécessaire je pense.
09:34Même si l'entourage des fois pousse à vouloir sortir, à faire des choses,
09:38si on ne se sent pas prêt, il ne faut pas le faire.
09:41Et qu'après il faut en fait se réapproprier cette nouvelle image de soi
09:45en y apportant une touche un petit peu personnelle.
09:48C'est peut-être aussi l'occasion de faire des choses
09:51ou d'oser des choses qu'on n'aurait jamais faites avant.
09:53Ça peut être des tatouages pour certains,
09:55ça peut être du maquillage,
09:57ça peut être un changement de coiffure, un changement de look.
10:00Se dire que c'est un passage qui est délicat, qui parfois peut être long,
10:04mais que la reconstruction ça permet aussi de se réinventer,
10:08de ne pas trop se focaliser sur le regard des autres
10:11et surtout d'écouter les compliments qu'on peut avoir
10:15et qu'on peut nous donner.